House of shit. Gustavo Mazzatella.

La télévision est allumée devant moi. On est le 22 avril 2017, il est un peu plus de 20 heures. C’est le premier tour de l’élection présidentielle. Bien évidemment, j’ai pas été voté. On avait des choses importantes à faire avec ma douceur ce dimanche : manger, dormir, lire, se caresser les cheveux. Mais je ne peux m’empêcher de regarder ça de loin, voir toute cette agitation, je trouve ce non spectacle pourtant répétitif tellement amusant. Une excitation qui n’a rien d’excitant. A chaque désignation, c’est la même histoire, la même hypocrisie, la même langue de bois, la même fausse déception, la même fausse joie, les mêmes tronches, et les mêmes beaufs qui font semblant de croire que tout cela est réel.

Alors voilà, Marine Le Pen est au second tour de l’élection présidentielle. 15 ans
après, ils nous refont le coup ! Comme une mauvaise série en panne d’inspiration. En blonde et avec ses deux yeux cette fois. Séisme (médiatique). La France tremble. Le Front National, ce parti infâme, ignoble, dégoûtant, pourrait accéder au pouvoir. Démocratiquement, comme Adolf ! - La comparaison est basse. - C’est ce qu’ils essaient de nous faire croire en tous cas, sur les plateaux télé. J’ai beau zapper, je tombe toujours sur le même discours. Je ne fais plus la différence entre les gens de l’UMP et du PS, entre ceux du FDG et l’UDI, entre les journalistes et les politiques. C’est parce qu’il n’y en a pas en vrai, et ma clairvoyance est optimale : Pujadas ressemble de plus en plus à Copé qui est le sosie de Benoit Hamon. Ils sont tous d’accord sur le sujet : ce résultat est une tragédie. Et c’est en partie la faute des connards dans mon genre qui sont pas allés voter, pour la gauche sous-entendu. Maintenant, je me sens presque coupable... Pourquoi n’ai je pas été poser ce bulletin avec écrit « François Hollande » dans l’urne ?

Ils me font bien marrer dans l’écran, puis je les imagine tous pendant la semaine à venir dans la rue, enfin sur internet, là ou tout (comprendre « rien ») se passe : « surtout allez voter dimanche prochain, voter Sarkozy, faut pas que le FN passe ! », « Faisons barrage au front ! » Le même cirque qu’en 2002 quoi. Bien sûr que Nicolas va faire un score de dictateur africain. Je n’irai pas non plus, entre la peste et le choléra, j'opte pour la syphilis ! C’est assez jouissif de voir toute la gauche s’unifier derrière Sarko, en précisant tout de même qu’ils le combattront dès qu’il sera élu... Tout ça pendant que ma dulcinée est posée sur moi et me regarde m’esclaffer devant la tronche d’un Harlem Désir tout blanc. Ça gesticule pas mal dans le rectangle amorphe. Ils sont quand même hallucinants, à essayer de cacher leur pourriture derrière celle du FN. Comme un gosse qui fait le ménage dans sa chambre en foutant la poussière sous le lit. C’est ça leur alibi, leur seule défense : nous, on est pas des fachos, contrairement à Le Pen ! Ah ils sont beaux les démocrates... Leur démocratie, elle marche que quand c’est le PS et l’UMP qui sort du chapeau ! Ça leur fait du bien aux gauchistes de temps à autre, d'exhiber leur côté pseudo révolutionnaire. Ils vont aller cramer des bagnoles, se révolter, insulter du skin, combattre le fascisme, comme en 40 ! C’est reparti ! Sauf que ces mêmes minables auraient sans aucun doute collaborer avec les nazis, comme ils coopèrent aujourd’hui avec les banquiers et tout ce système profondément fasciste. Les mêmes ordures qui condamnent tout acte terroriste sans jamais essayer d’en comprendre les causes, souvent plus juste que les leurs ! Mais pourquoi n’ai je pas voter pour Hollande, lui qui a eu la la même ligne directrice que Sarkozy, en étant le parfait libéral capitaliste que les banques ont voulu ?

Dans l’écran presque plat, Najat Vallaud-Belkacem vient de lâcher une tirade contre (ou pour, on ne sait plus vu leurs résultats) le racisme. Le FN au second tour, c’est la porte ouverte à toutes les xénophobies, selon la marocaine ! Je baille. Ils ont bon dos les droits de l’Homme, l’antiracisme bon enfant est aussi dégueulasse que le racisme beauf d’extrême droite. Ce qui est vraiment navrant, c’est qu’aucun de ces troufions n’est en mesure d’expliquer pourquoi le FN est un parti d’incapables. Tout simplement car ils sont eux-même médiocres, ils ne vont pas se tirer une balle dans le pied. C’est pas facile d’avoir sa face dans une glace et de mettre des mots sur l’incompétent qu’on y voit. Mélenchon a l’air fatigué par tout ça, il a plus la niaque le fantôme du Front de Gauche. Selon lui, c’est la faute de la campagne de la droite qui a trop insisté sur la sécurité. La 6ème république qu’il voulait instaurer avec Edwy Plenel a pris du plomb dans l’aile... Il gémit encore un peu, mais rien de bien méchant. Comme un type qu’on serait en train d’essayer de réanimer, en vain. On va donc repartir pour 5 ans de Sarkozysme, avec toutes ses casseroles au cul... Dommage que DSK n’ait pas pu revenir dans la partie, ça aurait mis un peu plus d’ambiance ! Si cette salope d’Audrey Pulvar n’avait rien dit... En plus, il paraît qu’il l’a même pas violée, pas assez noire à son goût. Enfin on ne saura jamais, comme pour l’autre, dont tout le monde a déjà oublié le nom. Mais pourquoi n’ai je pas voter pour Hollande, qui a tant fait pour les droits des femmes en 5 ans ?

Nous autres, abstentionnistes, sommes donc les grands salauds. Les 6% qui ont été voter blanc sont de bons petits citoyens, eux ! Pourtant, c’est autant de leur faute si la blondasse hystérique est au second tour, car leur voix a autant de poids qu’un livre de Beigbeder dans la littérature française. Ma citoyenneté, ils l’ont écrasé à grands coups de mensonges, de magouilles, de machinations, de machiavélisme, de malsainités, de malhonnêteté, de manigances, de meurtres, de misérabilisme, de marchés, de micmacs. Et encore, je n’ai fait que les mots qui commencent par la lettre « m ». Si faute il y a, nous en sommes les victimes ! Sarkozy, c’est moins pire que Marine Le Pen. Et Hollande, c’était peut être moins pire que Sarkozy. Dans la vie, faut faire des choix. J’ai entendu l’autre jour au bar un mec qui disait qu’aller voter pour le moins pire, c’est tout bonnement renoncer à ce droit fondamental et poser son gros cul sur le principe même de démocratie. Il s’est fait traiter d’ivrogne et a remis une tournée. Mais pourquoi n’ai je pas voter pour Hollande, lui qui a nommé le raciste Valls à l’intérieur puis premier ministre, le contaminé Fabius aux affaires étrangères, ou encore le cupide Cahuzac au budget ?

Marine Le Pen présidente de la République. Ça aurait de la gueule quand même... La France serait la risée du monde entier. Pourtant, y’aurait pas de quoi rire. C’est le crétin du fin fond de sa campagne et le stupide petit fils d’immigrés qui seraient déçus par la fausse raciste d’extrême droite. Ils se haïssent tellement qu’ils ont voté pour la même personne en espérant se débarrasser de l’autre. Ô superbe crédulité... Marine, il paraît qu’elle y pense tous les matins dans sa salle de bain, en se rasant la chatte. C’est le seul point commun que les aveugles voient avec son adversaire du second tour : la quête du pouvoir suprême... L’une s’extrait les poils pubiens pendant que l’autre s’ôte ceux du visage, dans le même but : être assez lisse pour que ces cons de français votent en leur faveur et ainsi accéder à la fonction ultime. La politique n’est qu’une question de poils au final. Tout un programme. Préserver un semblant de démocratie, voilà à quoi en sont réduit les plus « conscients »... Je suis contre la résignation.

Gustavo Mazzatella.