vendredi 14 novembre 2014

Lettre de Province. JohnnyBadDog.

Avant tout propos, je vous rassure de suite, je vais à Paris au moins une fois par an depuis ma tendre enfance et j’ai de la famille en région parisienne. Ceci étant dit !

Je me souviens d’une anecdote qui remonte à un peu plus de vingt ans et que ma mère (originaire de Provins) m’a raconté il y a quelques années. Tout petit, vers l’âge de 5 ou 6 ans, je me retrouve à Paris pour une des premières fois de ma vie avec ma môman pour aller rendre visite à mon frère qui vivait à la capitale à ce moment. A l’époque j’étais une sacrée pipelette (je parle toujours autant sauf qu’à mon âge on appelle ça un relou mais quand on est petit c’est mignon et drôle) qui avait toujours un truc à dire ou à demander. Et dans le métro, où tous les morts vivants qui s’y trouvent ne parlent pas, on entendait qu’un petit gamin
poser des questions à sa mère ou son frère avec un accent qui faisait beaucoup rire les gens, un accent du sud qui sentait (et sent toujours) bon la garrigue et la Méditerranée. Ma mère me raconta donc que les gens étaient enchanté d’écouter ce que j’avais à raconter et que ça leur faisait « du bien, ça amène un peu de soleil » « qu’il manquait plus que les cigales. » Cette anecdote est très sympathique et rigolote surtout qu’il n’y avait absolument aucun mépris ou moqueries de la part de ces gens, que de bons sentiments et du plaisir.

Je voulais, en commençant par raconter ça, dire qu’évidemment on ne peut pas généraliser et qu’il y des cons partout, ou pas… Car il y a quand même quelque chose qui m’insupporte de plus en plus et que je peux de moins en moins accepter : le parisianisme ! qui est quand même toujours bien ancré dans les mentalités. J’entends déjà dire que c’est faux, que c’est démago, que ça n’a aucun sens et que ça ne veut plus rien dire, toujours la même rengaine, qu’on en a toujours après les parisiens…bin je l’assume !

Trop souvent des choses que je vois ou lis me le rappellent que trop fortement. Dernier en date un bouquin, « Molière à la campagne » dans lequel une jeune enseignante nous raconte ces premiers pas de professeur muté dans le fin fond du bush australien…. ah non désolé dans le fin fond de la Haute Normandie avec des élèves qui je cite « font des bruits d’animaux en classe, rédige en verlan… » Bref, « Enseigner Molière à la campagne n'a rien d'évident ! » alors qu’en ville c’est bien connu, c’est une partie de plaisir particulièrement dans le 16e ! Allez quoi, c’est ce que tout le monde pense. Ce n’est pas le livre en soi qui est insupportable car, à part certains paragraphes ou anecdotes, c’est avant tout une critique assez juste de l’éducation nationale. Mais la médiatisation du livre est en revanche à vomir, la quasi-totalité de ce qui en ressort est d’un mépris nauséabond, les citations qui servent de titres aux articles ou interviews nous rappellent que les provinciaux, surtout ruraux, sont des bœufs incultes avec aucune sensibilité, qu’ils sont arriérés ! Comme nous l’explique le magazine BIBA « perdue dans la cambrousse […] Propulsée dans une série américaine des années 80 au milieu des Jordan, Jeffrey et autres Kelly… » de laquelle l’enseignante en aurait tiré des anecdotes « savoureuses », du coup le magazine en a fait sa « BIBA Girl du mois » ! BIBA ! Ce torche cul qui à chaque fois qu’on le lit nous rappelle ô combien faire des livres ou des magazines décime des forêts en Amazonie, se permet d’écrire ce genre de choses !

Les autres hebdos ne valent pas mieux. On retrouve ce mépris bien de Paris à tous les niveaux et partout. Du coup je ne comprends pas comment les gens s’étonnent encore qu’un ministre essaie de sauver la vie de ces pauvres « illettrées ». On est là dans le cas du double mépris, celui de la classe politique sur ses citoyens et celui de Paris, avec un pouvoir de l’état centralisé dans la capitale sur le reste de la France. Pour revenir aux médias (décidément ils cumulent) regardez la manière dont un invité lambda, en dehors du cercle parisien, est interviewé sur un plateau. Le Grand Journal en est l’exemple parfait, on sent toujours ce côté « attraction » que représente l’invité, on est entre la moquerie et le malaise car on sait jamais si le beauf de province va déraper dans ces propos ou ces actes ! Il n’a pas l’éducation et la retenue nécessaire. En contre-exemple on va me dire à propos du Grand Journal :

Vous :  « Et Apathie alors !!?? Il est pas parisien lui ! Non parce que c’est un journaliste qui… »                  
Moi : « zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz….. oh désolé je me suis assoupi ! Vous me parliez de qui ? J’ai cru entendre le mot journaliste !? »

Je ne vais pas vous reparler non plus de Technik'art et de son torchon écrit à propos d’un village au cœur de la Creuse, j’ai déjà parlé des enculés dans un autre article. Alors eux, ils sont dans un parisianisme bobo revendiqué ! Tout ce qui sort de leur périmètre géographique et intellectuel n’est que mauvais goût, arriéré et au mieux folklorique ! Le cinéma n’échappe pas à ça, « Les petits mouchoirs  », « Le prénom » et d’autres transpirent tellement cette mentalité. Les grands succès commerciaux qui traitent de la province et des petits beaufs du désert rural français sont représentés dans « Camping » ou « Les ch’tis ». Tout comme les émissions du genre « Vis ma vie » « Confession intimes »… on y trouve que des provinciaux mais je vous rassure, des cadres sup' alcooliques et ultras jaloux il y en a aussi dans le 8e arrondissement de Paris autant que des chefs de pub fans de bagnoles !

Mais il ne faut pas oublier les parisiens eux même (ceux que j’appelle les américains de France, en effet 90% des parisiens sont des enfants de provinciaux montés il y a des dizaines d’années en arrière pour réussir, tandis que les parisiens de souche pour utiliser un terme bien facho sont devenus rares, tout comme les indiens d’Amérique) et particulièrement les branchés, les bobos, les intellos, les écolos, les hipsters… qui nous moquent autant qu’ils nous envient, qui aiment notre « accent chantant » mais uniquement sortant de notre bouche car ça fait plouc quand même, la preuve à la télé on vous apprend à le perdre… Demandez à Foucault ! Qui rêvent de pouvoir faire pousser un olivier sur leur balcon parisien, c’est tendance en ce moment il paraît ?... Qui adorent boire du rouge à l’apéro... Ceux qui lorsque qu’ils prennent des vacances dans le sud en été s’étonnent et n’acceptent pas qu’il y ait du bruit jusque tard dans la nuit lors d’une fête de village... Qui s’étonnent que dans un patelin de 200 âmes on peut connecter son Ipad en wifi ! Inutile de préciser que ces exemples sont vrais !

J’aime les parisiens. Je déteste l’élitisme, le mépris, la condescendance. Je déteste le centralisme, l’intelligentsia, le corporatisme. Je déteste le parisianisme.                                                                                                                                                  
JohnnyBadDog.

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