2014. On recommence. Les vœux pleuvent, tombent d’un peu partout, de la RATP (supprimez les grèves et soyez ponctuels, ce serait déjà bien) à la fille qu’on a dégagée de nos contacts il y a trois ans parce qu’on ne pouvait pas l’encadrer, personne ne nous épargne.
Je m’étonne encore de la persévérance que l’on peut mettre dans une telle
occupation, alors qu’on a bien conscience de l’inutilité du truc. C’est aussi vain que de souhaiter un anniversaire, mais apparemment ça cimente le lien social. Admettons. Depuis dix jours je subis moi aussi les assauts revendicatifs de mon entourage : une bonne année, une bonne santé, tu nous feras bien un petit bébé en 2014… Stop. Arrêtons-nous un instant sur cette bizarrerie sociale qui fait qu’à partir du moment où une fille cumule ovulation et vie de couple, la moitié de la planète veut la voir procréer.
Ça me contrarie toujours un peu qu’on se préoccupe de mon utérus, mais quand je vois comment la maternité a transformé mes amis, ça me ligature littéralement les trompes. Ah, ces soirées où l’on ne parle plus que de caca mou, de place en crèche et de varicelle, furent autrefois des soirées où l’on buvait beaucoup, et on rigolait bien. Maintenant, tout le monde est crevé à 23 heures. Avec un peu de chance, la mère vient d’accoucher et racontera fébrilement son épisiotomie, cet acte chirurgical qui a pour but de « de sectionner le muscle élévateur de l’anus ». S’il vous plait, épargnez-nous vos accouchements ! C’est aussi répugnant et passionnant qu’une coloscopie.
Un infime détail m’interpelle, et je m’interroge : d’où vient cet engouement massif pour le nouveau-né, le bébé, le mioche, cet être pas tout à fait terminé que l’on peut raisonnablement résumer à une bouche, un œsophage et une couche ? Cette chose semi-gluante, semi-velue qui sent perpétuellement le vomi lacté et le talc bon marché, qui râle à n’en pas finir, ce mini-despote auquel il faudra s’adapter, l’inverse étant impensable ?
Sommes-nous conditionnés génétiquement à ne plus trouver de finalité à notre condition que dans la procréation, le renouvellement de notre espèce ? Alors que de toute évidence, objectivement, l’enfant reste un fardeau en CDI qui empoisonnera la vie de son entourage en toute impunité, au moins jusqu’à 25 ans, les maternités se remplissent, débordent et crachent leurs Scuds à une cadence déconcertante. Tout va bien. On aura dépassé les huit milliards d’habitants dans dix ans, ça n’a l’air d’inquiéter personne.
On déverse ainsi des tas de petits consommateurs non exigeants qui continueront de dilapider aveuglément et massivement les ressources terrestres. Enfin, pour les mieux lotis évidemment, les plus pauvres pourront toujours baver et s’endetter pour se mettre à niveau.
Et qu’on arrête de me servir cet argument moisi qui dit que c’est la Nature qui veut qu’on assure la pérennité de l’espèce, et blablabla l’instinct maternel. La Nature, elle faisait bien les choses quand elle était toute seule. On forniquait tranquillement, et la mortalité infantile ou la stérilité se chargeaient de réguler la population. Aujourd’hui, le progrès de la médecine rend viable n’importe quel avorton, et dérègle la machine.
Et puis évidemment, il reste encore cet énorme problème que constitue le système éducatif, et qui mériterait un article à lui tout seul, qui instruit massivement et déleste chaque enfant de toute forme de curiosité. Je n’ai absolument aucune confiance en cette institution, je n’y enfermerais même pas mon pire ennemi.
Il y a de fortes chances pour qu’en 2014, la courbe de natalité ne connaisse pas la crise. Rien que pour ça, ils étaient bien inutiles, ces vœux de début d’année.
Mary Poppins.
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