mardi 13 août 2013

L'interview de Gustavo : Greg Boust.

Greg Boust vu par Nelson.
J’ai toujours eu de l’affection pour les DJ’s, enfin les vrais, pas ceux qui « miment des mixes » et sont incultes musicalement. Greg Boust en est un véritable. Sa venue au festival 37.2 à Gruissan était donc l’occasion de l’interviewer notamment sur le métier de DJ ou son rôle de directeur artistique du Baron, club mythique parisien. Rendez-vous est pris à 18 heures au Paparazzo où a lieu le festival 37.2, mes 20 minutes de retard me valent d’attendre qu’il ait fini sa pétanque entre amis, normal. Une fois sa victoire acquise, l’interview peut démarrer. Gustavo Mazzatella.

GM : Depuis quand faites-vous votre métier ?

GB : Alors s’il s’agit du métier de DJ, ça fait 20 ans, s’il s’agit du métier d’organisateur de spectacles, ça fait deux ans.


GM : Pourquoi avez-vous décidé de devenir DJ ?

GB : J’ai fait DJ à l’époque ça a été un concours de circonstances, je bossais dans un bar comme barman, il y avait un DJ, à l’époque c’était rare... Il est tombé malade, je l’ai remplacé, puis il voulait plus jouer et ça a commencé comme ça.

GM : Comment jugez-vous l’évolution de votre métier ?

GB : C’est simple : avant, on était 25, maintenant, on est un million. Moi, j’ai vraiment rien contre au contraire, mais c’est de plus en plus dur pour les jeunes qui veulent faire DJ et en vivre. C’est comme comédien, les places sont très très chères. Après, j’ai l’impression que le DJ, il a remplacé un peu le boulot de serveur, quand t’as 19 piges et que t’as besoin de bouffer, tu peux aussi faire DJ.

GM : Justement, ça ne vous énerve pas ça ? Tout le monde se croit DJ...

GB : Honnêtement, ça m’énerve un peu. Parce que c’est un métier. Mais de toute façon, l’écrémage, il est naturel, ils vont faire ça 6 mois... Tu sais, moi je suis plus vieux, à l’époque, c’était la guitare, tous les gamins faisaient de la guitare mais à un moment donné, soit ils accrochent, soit ils accrochent pas.

GM : D’après vous, les DJ’s peuvent-ils avoir un rôle dans l’émergence ou non d’un mouvement musical ? Par exemple, lorsque certains ont eu les couilles de passer du punk en soirée à l’époque, ou plus récemment du rap dans les clubs.

GB : Ah ben c’est très important de faire évoluer les musiques et d’avoir les couilles comme tu dis de mettre certaines choses. Moi, le mouvement que j’ai lancé, on invente rien hein j’ai refait un truc qui existait il y a 20 ans, une mouvance depuis 8/9 ans où techniquement dans un set électro, je vais mettre Carlos, par exemple. Faut avoir des couilles pour faire ça. Carlos c’est peut être pas un très bon exemple parce que c’est populaire... Mais il y a de la place pour toute la musique quand elle est jouée au bon moment.

GM : Les DJ ont-ils également un rôle d’éducation musicale selon vous ?

GB ; Mais bien sûr ! C’est pour ça que je te dis ça, parce que si tu mets que des morceaux électro, tout le monde les connaît. Mais si tu commences à mettre, je sais pas si t’as écouté la playlist que j’ai mise depuis tout à l’heure, y’a des morceaux italiens etc. Des choses pour faire ouvrir les oreilles aux gens.

GM : L’actualité, le contexte national se répercute t-il sur le dance floor ? Calquez-vous votre set sur le journal de 20 heures ?

GB : Non, ça va pas être le JT de 20 heures qui va modifier mon set, ça va plutôt être ma vie personnelle. Si j’ai un problème dans ma vie personnelle, je peux avoir un set un peu dark, ça peut m’arriver. Mais après non, notre rôle justement c’est de faire s’amuser les gens et faire oublier les problèmes.

GM : Et comme ça va de pire en pire, il faut donc que vous soyez meilleurs...

GB : Oui ! Mais je vais te donner un exemple, il y a des choses qui sont en relation avec les JT, par exemple quand un artiste meurt, c’est vrai que le soir même, on va avoir tendance à jouer ses morceaux pour lui rendre hommage. Mais après, tout horrible soit-il, quand il arrive la catastrophe de Fukushima, ça change pas notre set, par contre on va faire des sets gratuits pour donner de l’argent à Fukushima.

GM : Vous en avez pas marre des gens qui vous demandent de leur passer un morceau en soirée ?

GB : Oui, c’est très agaçant. Et c’est français, aux Etats-Unis, ça n’existe pas, enfin ou alors dans certains endroits. On a tendance nous maintenant à écrire simplement des petites phrases comme « Les Dj’s ne sont pas des judebox ». Bon, ça fait partie du jeu aussi, moi je suis pas du genre à les envoyer chier, mais c’est vrai qu’on écoute pas les requêtes, on est pas des automates.

GM : Vous êtes donc directeur artistique du Baron. En quoi ça consiste ?

GB : Alors ça consiste à 8 ans à chercher des DJ’s, soit qui étaient déjà dans le milieu, soit qui commençaient et à former une famille d’une quinzaine de DJ’s qui jouent en permanence. Il y a 2 DJ’s tous les soirs, c’est ouvert 7 jours sur 7, toute l’année et ça change tous les jours. Donc ça consiste à les trouver et à faire en sorte qu’ils passent la musique qu’on aime.

GM : Pour qu’il y ait un esprit qui se dégage ?

GB : Il y a un esprit très hétéroclite, mais attention, on joue pas la lambada. On essaye de faire découvrir des pièces, ça cela raconte en disant ça mais... Des perles, des pépites comme on dit, à des gens, tout en les maintenant avec de la danse parce que si tu mets que des pépites les gens ne vont peut être plus danser, mais le truc c’est d’ouvrir. Il y a 4 « Barons » dans le monde, un à Tokyo, un à New York, Un à Londres et donc un à Paris et on fait également énormément d'événements au cours de l’année.

GM : Vous avez pas peur qu’on trouve que vous êtes plus homme d’affaires que DJ ?

GB : C’est compliqué d’avoir la casquette des deux côtés. Mais dans la vie, il faut aussi savoir penser à l’avenir, et je peux pas être que DJ jusqu’à 6O ans. A un moment donné il faut savoir passer la main et donc je ferais toujours de la musique, mais j’ai trouvé assez logique de justement former des DJ’s, de m’en occuper, de les manager. Et aussi de faire comme aujourd’hui des évènements, des festivals... J’essaierai d’en faire de plus en plus.

GM : Vous êtes à l’initiative du festival 37.2 ?

GB : Je co-organise. Tu vois, encore aujourd’hui, je suis DJ et producteur.

GM : Que pensez-vous des gens qui disent que la « nuit parisienne » n’existe plus ?

GB : Alors ça, ça m’a toujours fait rire, ça fait 20 ans que je mixe, ça fait 25 ans que je connais la nuit parisienne, elle n’existe plus pour les gens qui vieillissent, c’est exactement ça. Mais va dire ça à un jeune de 16/17 ans qu’est plein de fougue, pour lui la vie parisienne, elle existe.

GM : Et le fameux « c’était mieux avant » ?

GB : « C’était mieux avant » j’ai horreur de ça. C’était mieux demain. Non mais tu sais, il y a des vagues, on ferme des endroits mais c’est toujours pour de bonnes raisons.

GM : Ah bon ?

GB : Oui, oui. Sauf quand on ferme parce que ça fait trop de bruit pour les voisins du dessus, qui eux-mêmes avant faisaient la fête. mais ça, malheureusement, c’est un peu dans toute la France, pas qu’à Paris.

GM : Vous avez un look assez étonnant, là encore ça va aujourd’hui...

GB : Oui, la ça va aujourd’hui.

GM : Pensez-vous que cela fait partie de la panoplie d’un artiste ?

GB : Non mais en tous cas pour exister, pour donner un conseil à un DJ qui commence, y’a pas 36 solutions, soit c’est le talent pur, ce que je n’avais peut être pas forcément au début, enfin c’est pas à moi d’en juger, mais faire attention à son... J’aime pas le mot « look » mais à la façon dont on paraît, oui c’est important. Alors après, ce sont des détails, mais il y a pleins de DJ’s qui ont des détails qui font qu’on les reconnait à chaque fois... C’est vrai que ça fait très longtemps que j’ai une crête et au début, je m’appelais le DJ à la crête, voilà.

GM : Quels sont les ingrédients de la soirée ou même nuit parfaite ?

GB : Une nuit parfaite, c’est une nuit qui s’arrête pas, une nuit ou les gens veulent plus partir et ils ont les bras en l’air. Après le reste, c’est que des détails. On parle pas d’argent ou autre... Une nuit dont les gens se souviennent longtemps.

GM : Pour finir, vous devez partir sur une île déserte et ne prendre que 3 disques. Lesquels ?

GB : Ah elle est compliquée cette question... Allez, je vais te les sortir quand même. Il y aurait L’homme à la tête de chou de Serge Gainsbourg, toute la musique de James Brown et pour finir, on va faire le mec récent quand même, Sebastien Tellier : Sexuality.

GM : Merci !

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