samedi 13 avril 2013

De l’amour à la machine.


Ce mois ci, pas de JohnnyBadDog car contrairement à mes monstrueux confrères (éducateurs, chômeur, étudiant, femme enceinte...), j’ai un métier ! Inutile de vous préciser que c’est une belle excuse pour échapper à mon devoir de monstre ! Du coup, pour ce mois (et plus si affinité), j’offre ma plume à Melody Nelson, qui je vous l’annonce l’utilise plus finement que ce sale chien de Johnny et sans forcer ! Ajouter à ça que la une du mois est réalisée par le géniteur du clébard... Il semblerait que les sales affaires se passent en famille... JohnnyBadDog.

Meetic, AttractiveWorld, Badoo, Adopteunmec, Geekmemore, Mektoub... Régulièrement de nouveaux sites de rencontre amoureuse viennent s’ajouter à l’offre déjà pléthorique proposée par la toile. Une offre hyper-segmentée selon votre orientation sexuelle, votre classe sociale, votre religion, votre mode de vie…
« Qui se ressemble s’assemble » est visiblement encore un adage au goût du jour.

Avant toute chose, débutons par un parallèle… Aux Etats-Unis, il est désormais possible de choisir, via la fécondation in vitro, le sexe de son futur enfant. Dans ces cliniques privées, il n’est pas question de palier la stérilité ou la transmission d’une maladie génétique (la majeure partie des patients est en parfaite santé), mais purement de préférence (à $20 000 tout de même) ! Et puisque la science n’a pas de limite, choisir la taille et la couleur des yeux de son futur bébé n’est désormais plus une chimère non plus. On peut cependant regretter que la détermination préalable du QI ne soit pas encore proposée, pour permettre à ces « enfants sur mesure » d’être un peu moins cons que leurs géniteurs…

Il va sans dire que ces pratiques font scandale et que fort heureusement la majorité des couples préfèrent laisser le hasard faire – si bien – les choses… Mais à mon grand regret, l’insurrection contre les sites de rencontre n’a toujours pas eu lieu.

Car oui, le principe est sensiblement le même : l’internaute peut rechercher sa « future moitié » parmi un ensemble de profils sélectionnés sur la base de critères physiques voire psychosociologiques. De sa couleur de cheveux, sa taille, sa corpulence jusqu’à son style vestimentaire, ses hobbies ou même sa consommation d’alcool… En bref : l’amour à la carte. Choisir un être humain comme on pourrait choisir sa nouvelle voiture ou ses plats au resto s’inscrirait donc comme la dernière grande tendance.

Mais ces nouvelles cartes mises entre les mains des célibataires ne font que renforcer leur exigence et leur sectarisme. Plus encore, les sites de rencontre les privent des étapes fondamentales et originales de la rencontre amoureuse. Celles où la dimension physique a toute son importance, où se créent les alchimies, où opère le charme provoqué par l’échange de regards, de sourires… Adieu le sacro-saint coup de foudre. Ici tout est planifié, étudié, calculé pour une rencontre préfabriquée. N’est-ce pas contradictoire de faire naître une relation stable et authentique en virtualisant sa fécondation ? Avoir le contrôle sur une chose aussi imprévue et bouleversante que l’amour apparaît comme le paradoxe majeur de ces méthodes.

« Quelle naïveté ! », je vous entends penser d’ici… Mais non, je ne suis pas dupe. Dans bien des cas les sites de rencontre ne sont pas un moyen de trouver l’amour de sa vie mais plutôt le plan cul du jour. Quelle excitation de se faire sauter entre midi et deux dans le F1 de la sortie 23 de l’A61, à l’arrière d’une Fiat Punto ou bien, grand luxe, dans un micro studio au sol jonché de gobelets McDo qui en dit plus sur le mode de vie dudit « mec » – « Quel connard ! Il avait mis « mange équilibré » pas « junk food » ! ».  Rien que d’y penser, j’en mouille ma petite culotte…

Et là où il y a de la demande, il y a un business ! Les sites de rencontre l’ont bien compris. Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître des sites spécialisés dans les relations extraconjugales, facilitant la tâche ardue de l’infidélité...  Au diable les convenances et la moralité ! Adopter une communication humoristique aiderait visiblement à faire passer la pilule, au regard des slogans du site Gleeden : « Tout le monde peut se tromper, surtout maintenant », « Par principe, nous ne proposons pas de carte de fidélité ». Merci les créa !

Seules véritables gagnantes de ce modèle : les escorts et autre filles de joie qui voient ici un excellent moyen de communication et de racol… démarchage de clients potentiels ! Sans compter que cela contribue à améliorer considérablement les conditions de travail du plus vieux métier du monde ! Y a pas à dire on est quand même mieux installé derrière son MAC – ou PC pour ceux qui n’aiment pas les pommes et encore moins les jeux de mots douteux… –  qu’à se geler les miches sur un trottoir crade et puant d’un quartier de gare.

Mais pour ceux d’entre vous réellement en quête de l’amour, il serait peut-être temps de considérer que malgré les apparences (mince est la frontière qui sépare la virtualité du leurre…), la technologie est très loin de rapprocher les gens. Cloisonnés par des écrans, nous nous éloignons les uns des autres.

Alors pensez simplement à ouvrir les yeux – et pas sur votre écran ! –, à vous laisser surprendre, à oser, à provoquer ! Tout vient à point à qui sait s’ouvrir au monde, donner et recevoir. Ne dit-on pas que les plus belles choses arrivent quand on les attend le moins ?

PS : Si vous êtes atteint de timidité maladive ou bien que vous vivez dans un village reclus de nos contrées françaises, pas de panique. M6 ou TF1 se feront un plaisir de s’occuper de votre cas.

Melody Nelson.

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