samedi 13 avril 2013

Jérôme, Edwy, Jean-Michel et les autres. Gustavo Mazzatella

Jérôme Cahuzac est tombé ! Comme un vulgaire dealer de drogue... C’est la petite histoire dont tout le monde parle. Pour la faire courte : c’est l’histoire d’un ministre du budget qui a ouvert un compte en Suisse pour planquer de l’argent il y a des années (son compte n’a pas bougé depuis plus de 10 ans), et l’affaire a éclaté en décembre dernier grâce à une presse indépendante. Le ministre a d’abord démenti l’information, tout le monde a fait semblant d’y croire, puis il a avoué devant le juge et les preuves accablantes qu’il avait en sa possession. Alors vous vous rendez compte du scandale dans la classe politique, un ministre du gouvernement mis en examen. Surtout un gros lynchage médiatique, comme ils en ont l’habitude. Et moi, je me sens obligé de prendre la défense du lynché,
c’est comme ça, je prends toujours le parti du plus faible, c’est mon côté Jacques Vergès ! Alors voilà, ce pauvre Cahuzac (sans mauvais jeux de mot) est sali de gauche à droite, traité comme la dernière des pourritures, pourtant il a « juste » ouvert un compte en Suisse qu’il n’a pas déclaré au Fisc, je suis pas sûr que ça soit le seul dans ce cas là en France quand même. Je pense évidemment que oui, les responsables politiques se doivent d’être irréprochables mais j’ai pas envie que « Jéjé » finisse comme le candidat de Koh Lanta ! Il faut également arrêter de croire bêtement que les gens ont besoin de modèles et d’exemples pour bien se comporter. Il a ouvert ce compte avant de s’engager en politique, est-ce que cela mérite un tel scandale ? La situation est quand même d’un comique grandiose : le ministre qui lutte contre la fraude fiscale planque 600 000 euros (pas une somme astronomique) en Suisse, plutôt cocasse ! Après d’où vient cet argent, c’est peut être beaucoup plus grave mais rien n’est encore prouvé donc personne ne peut se prononcer. Enfin il a démissionné, il a des remords et a même demandé pardon, alors laissez-le régler ses comptes avec la justice tranquille, et passez à autre chose. Soyez dignes, pour une fois... Sinon, quelqu’un s’intéresse à son bilan en un peu moins d’un an en tant que ministre du budget ? Non, ça n’a aucune importance, bon comme vous voulez. De toute façon, ce n’est pas ce qui m’intéresse dans cette histoire, ce sont plutôt les journalistes.

Médiapart et Edwy Plenel sont donc les héros du mois voire même de l’année. L’affaire Cahuzac, l’affaire Bettencourt et sûrement d’autres à venir bientôt comme Tapie, Tiakeddine ou Karachi. Tout le monde encense donc ce journal et son créateur, qui comme il le répète partout lui-même la moustache remplie d’orgueil malgré tout, « n’a fait que son travail ». Est-ce qu’on félicite le boulanger qui réussi sa fournée de pain tous les jours ? Non, il ne me semble pas. Car oui, figurez-vous que c’est le rôle d’un journaliste de faire de l’investigation, d’informer le peuple et de lui dire la vérité, on l’avait presque oublié. Moi, je m’étais habitué à ce qu’un journaliste fasse juste de la philosophie de comptoir ou des interviews complaisantes. Certes, il faut rendre hommage au travail que fourni Médiapart et tous ses journalistes depuis cinq ans, mais je ne comprends pas l’hystérie collective que cette affaire provoque. Surtout que lorsque Médiapart a sorti le dossier, personne ne les a applaudi, au contraire, on leur reprochait même de ne pas avoir de réelles preuves. Bien entendu, il faut s’abonner à Médiapart pour avoir accès à leurs informations (ce qui est déplorable), et ce n’était pas le cas des « commentateurs de l’actu » à ce moment-là. Maintenant, c’est standing ovation. On parle d’un retour d’une grande et vraie démocratie, c’est pour dire. Tous les politiques sont aussi à genoux devant Médiapart, c’est incroyable, notamment ceux de gauche. Moi, je les soupçonne un peu d’être ravi de cette histoire qui occupe toute l’actualité parce que pendant ce temps-là, on parle pas du chômage ou autre. Et si Hollande savait tout ça depuis le début et l’avait prémédité ? Quel génie ce François ! Il en devient presque la victime, comme tout le PS d’ailleurs, Cahuzac leur a menti, trahis qu’ils ont été.. Mais revenons-en aux journalistes. Alors Edwy et sa bande travaillent, et tout les autres relaient l’info, oui c’est bien, mais c’est du journalisme passif quoi. Un qui bosse et les autres autour qui regardent, comme la DDE en fait, le gilet fluo en moins. Faire tant d’études pour si peu, je me demande s’il n’est pas temps de créer un CAP journalisme, ça serait largement suffisant pour la plupart d’entre eux.

Les journalistes sont devenus aussi médiatiques que les acteurs de cinéma. Exactement pareil : ils bossent un ou plusieurs mois, puis ils passent sur toutes les chaînes et radios pour en parler et se faire mousser. Et ainsi de suite. Il me tarde qu’on organise les césars du journalisme !  Une cérémonie aussi pompeuse que celle du cinoche, avec les mêmes blagues pas drôles et règlements de compte minables. J’imagine la scène, le président de la cérémonie, Jean-François Khan ouvre l’enveloppe : « Et le césar du meilleur journaliste est attribué à ... Roulements de tambour .... Edwy Plenel, pour l’affaire Cahuzac !! » Applaudissements, gros plan sur le moustachu qui embrasse sa compagne... Il arrive sur scène et prend le micro : « Je suis assez ému, je ne m’y attendais pas du tout. Tout d’abord, merci à tout ceux qui ont voté pour moi. Je tiens également à remercier toute l’équipe de Médiapart, car c’est un travail collectif avant tout bla bla bla... et pour finir, je souhaite avoir une pensée pour mon confrère Jean-Michel Apathie, qui rêve de ce césar depuis des années, j’espère qu’il l’obtiendra un jour ! » - « Jean-Michel Apathie qui rappelons le, a obtenu le césar du meilleur journaliste dans un second rôle pour cette même affaire ».

Gustavo Mazzatella.

1 commentaire:

  1. Un texet percuttant sur la dérive du journalisme de masse et la peoplisation de notre société! Bravo Gustavo

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