mardi 13 janvier 2015

Je suis Choron. Gustavo Mazzatella.

Voilà le mot d’ordre : je suis Charlie. C’est écrit partout, dans les rues, sur les vitrines de magasins, les panneaux d’autoroute, sur Twitter, toutes les photos de profil Facebook... La France et ses habitants n’ont jamais été aussi lucides : ils sont Charlie. Charlie Hebdo, celui de 1992, de l’autoritaire et prétentieux Philippe Val, piètre bouffon du pouvoir, de Charb et consorts. Et aussi de quelques anciens, des vieux de la vieille, Cavanna, Cabu, Wolinski. Oui, les Français sont Charlie : tous unis, républicains, bourgeois, corporatistes, médiocres, beaufs, moralisateurs, collaborationnistes avec cet ultra-libéralisme, racistes, dociles, veules, bêtes. Entendez moi bien : je ne cherche pas à rabaisser les personnes décédées ce 7 janvier 2015, ni, encore pire, à glorifier l’acte des auteurs de cet attentat. Ce qu'il s’est passé est
abject, répugnant, inqualifiable en réalité, pour les victimes et leurs familles. Je vais l’écrire une autre fois pour que ça soit clair : c’est un drame horrible, et on ne peut qu'être écœuré par cela, personne ne le cautionne. Cependant, il ne faut pas tout mélanger, et laisser dire n’importe quoi. Les dessinateurs de Charlie n’étaient pas des « héros », et ne le seront jamais. Je veux bien qu’on leur rende hommage, mais il y a des limites. Ils n’étaient en rien subversifs, se trouvaient du côté du pouvoir, du plus fort, et tapaient lâchement sur les plus faibles. La dictature émotionnelle ambiante est insoutenable. La vie de journalistes Français vaut plus cher que celles d’enfants à Gaza ? Je ne vois pas tellement de « Je suis Gaza » quand Israël bombarde la Palestine lorsque ça lui chante, pour sa « protection » évidemment. La une de L’Humanité « Gaza martyre » avec la tête de l’enfant posée sur le sol n’avait pas eu autant d’impact que les corps des défunts de Charlie Hebdo... Il faudra m’expliquer ce qui fait basculer ou non des millions de gens dans la tristesse. Sans doute la distance... Mais dorénavant, permettez-moi de rire franchement la prochaine fois que j’entendrai que les médias n’ont pas de pouvoir.

Les médias parlons en justement ! Grâce à ces charognards en particulier, et surtout à la connerie et l’absence de cervelle des gens, l’islamophobie va exploser, elle qui était déjà bien consistante, bien dégueulasse. On a déjà vu beaucoup d’actes islamophobes qui ont suivi l’attentat, et ça ne va faire qu’amplifier. Vous les entendez les fachos, clamer qu’ils avaient raison ? « voilà de quoi sont capables les bougnoules, alors maintenant on attend quoi pour se venger ? » Bande d’abrutis, ça fait des décennies que vous vous « vengez », avec vos impôts, quand vous financez notre cher état qui balance des bombes courageusement sur des civils en Afghanistan pour ne citer qu'un exemple.

La « vengeance », c’est un mot que Cherif Kouachi a employé lors de sa discussion avec le journaliste de BFM. Car oui, il a parlé, ce « terroriste ». Et ce qu’il a dit s’avère très intéressant et instructif, si l’on cherche à comprendre comment et pourquoi ces deux frères, deux personnes humaines, ont pu en arriver là, jusqu’à mourir pour une cause, « leur » cause. Car ils savaient pertinemment comment ça finirait, comment ils finiraient, flingués par le GIGN. Il faudrait se poser des questions quand même, et bien se mettre dans la tête que c’est la société Française qui produit des monstres de ce genre, capables d’actes aussi ignobles. Mais les soldes vont reprendre, et tout va rentrer dans l’ordre.

« On a tué la liberté d’expression ! » La liberté d’expression, en voilà un bien grand mot. Apparemment, ça tient à coeur à tout le monde aujourd’hui. Pourtant hier, quand on censurait Dieudonné, Eric Zemmour, Marc Edouard Nabe, Tarik Ramadan, Pierre Carles - pardonnez-moi de mélanger les torchons et les serviettes - qui s’indignait (spécialité Française) ? Personne. Qui a condamné l’éviction de Siné, pour un texte « antisémite » de ce fameux Charlie Hebdo ? Personne. Forcément, les médias ne leur ont pas demandé de les défendre, car ils ont une pensée différente de la leur. Il faut baisser son froc messieurs ! Finalement, le Français est servile. Il ira voter en 2017, - elle se résume à ça, sa liberté d’expression ! - et s’étonnera que Marine Le Pen soit au second tour de l’élection présidentielle... Je vais vous en montrer un exemple, de « leur » liberté d’expression. Un blog pourri, que je vais citer pour me salir les mains www.jenesuispasblogueusedemodemaisjaidesgrosseins.com, a publié un article, totalement gnan-gnan, sur cette histoire. Jusque là, rien de grave. Mais pour attirer plus de lecteurs, cette écervelée a payé de la publicité sur Facebook ! Oui, c’est gerbant, pour surfer sur ce drame, elle a filé du fric à cette multinationale américaine en espérant promouvoir son blog bidon, même pas pour gagner de l’argent, juste pour son égo... pardon, pour partager sa peine... Cet article sponsorisé est apparu sur mon mur, et je n’ai pas pu me retenir de lui faire remarquer son ignominie en commentaire, qu’elle a évidemment supprimé, pour la liberté d’expression pardi ! La stupidité et l'indécence de ces personnes m'épateront toujours. Bien évidemment, tout cela n’est pas comparable à l’événement dramatique qui s’est produit, mais le « combat » récent pour la liberté d’expression de tous ces « resistants » du dimanche qui ne savent pas de quoi ils parlent m’horripile grandement.

Deux mots sur les conspirationnistes qui s’imaginent dans leur petites têtes vides que l’exécution du flic au sol est un fake puisqu’il n’y a pas eu de sang ou qu’il y a eu plusieurs voitures pour une histoire de rétro mal éclairés (deux hypothèses à partir de photos floues, comme toujours chez ces mythomanes...) ? Bon, ok, deux mots : gros cons.

Tout le monde pleure sur le sort de ce journal qu’ils ne lisaient pas. Car oui, Charlie Hebdo avait lancé un appel aux dons récemment, ils n’arrivaient pas à survivre, malgré la main à la poche de leurs membres. Comme toute la presse dont tout le monde se fout hormis les journalistes, ils ne se remettaient pas en question, ils espéraient un miracle... Il est venu en quelque sorte, sous une forme totalement sordide. Le journal suivant va être tiré à 3 millions d’exemplaires, rendez-vous compte. En même temps, ça permettra aux trois quarts des marcheurs qui vont l’acheter de découvrir ce journal... Tout ça pour y lire quoi ? Des hommages ? Et de la rancœur... De l’amertume, j’en ai toujours eu un peu quand je voyais Charlie hebdo dans un kiosque. Je pensais toujours au Professeur Choron, le sublime Bernier, qui avait perdu ses procès contre Philippe Val et sa bande de charlots. Je ne trouvais pas ça normal que ce nom soit sali toutes les semaines. Tout ça grâce à la magouille d’un avocat véreux, - Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et surtout de Val, mais également de DSK, Carla Bruni-Sarkozy, la société Clearstream, ou encore Beny Steinmetz, ordure Franco-Israélienne ayant fait fortune dans le trafic de diamants -, et la naïveté des anciens Hara-Kiriens. Lorsqu’il est né, le véritable Charlie Hebdo, ce deuxième bébé de Cavanna et Choron était un grand journal subversif et profond, anarchiste, intensément bête et méchant, qui n’avait peur de rien, pas de limites. Il est mort sous Mitterrand en 1982, pas le 7 janvier dernier.

C’est pas le genre d’article qu’on devrait écrire après les attentats qui viennent d’avoir lieu. La France est sous le choc, faut la ménager. Pourtant, j’ai pas pu m’empêcher de brailler ma Vérité. Je n’en pensais pas moins il y a un mois, ni hier, et encore moins demain.

Gustavo Mazzatella.

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