vendredi 17 juillet 2015

Kalymnos, Eubée, Psathoura... Gustavo Mazzatella.

C’est décidé ! L’été prochain, je file trois semaines en Grèce, avec ma douceur. On a décrété ça rapidement, après une discussion avec un type qui vend des livres sur les quais de Seine. C’était juste avant que le gouvernement Syriza annonce le référendum sur les propositions grotesques des trois institutions faites aux Grecs, pour les « sauver ». Alexis Tsipras était devenu le héros de la gôche extrême Française en vingt-quatre heures. Aux chiottes Mélenchon, Besancenot ! Aux oubliettes Arlette ! 15 milliards de plus avaient été proposés par les banksters, du pipi de chat. Le Grec est gourmand. Il veut surtout agir comme il l’entend, ce qui peut paraître ahurissant pour un occidental en général. Les marchés ont flippé, eux. C’était ça, le plus important ! On entendait que ça le lendemain. Le caca40 avait chuté, plus bas que Pasqua ! Les médias,
inépuisables larbins du fric, étaient en panique : « à cause des Grecs, les marchés financiers vont s’effondrer, c’est une catastrophe... » En boucle. Ces enculés de Grecs ! Il paraît que Nikos rasaient les murs à Europe 1... Il a du aller pleurnicher devant les Grecs, leur demander de voter « non ». Vous l’auriez vu sur son estrade, quelle misère... Nous, on s’emballait sur la Grèce, notre voyage, nos découvertes, nos aventures, l’île sur laquelle on allait se poser, l’eau d’un bleu Picassien, les textes sacrés d’Homère qu’on lirait, etc. Je commençais à chercher : Kalymnos, Eubée, Psathoura... L’agitation constante, les Titans et les Géants, ou le désert humain ? On aurait misé sur la sonorité du nom ! Puis, ils ont tout foutu par terre. La Grèce est dans toute les sales bouches. Les gauchistes se branlent, les imbéciles de droite râlent, il n’y en a que pour l’économie... Aux chiottes le Pirée ! Aux chiottes l’Odyssée !...

Ah, ils l’avaient pas vu venir celle-là, les démocrates libéraux... Quel flip pendant une semaine... Ce gros con de Christophe Barbier n’a pas dormi pendant 7 jours - je vous conseille, juste pour vous marrer, ses vidéos quotidiennes sur le site d’I-télé, c’est incroyable. Mais quel pied ça a du être d’être Grec pendant cette semaine-là ! Impossible de retirer plus de 60 euros à la banque :
« - tu remets une tournée s’il te plaît Hector ? Par contre, j’ai pas d’argent hein, enfin tu sais...
- Pas de soucis ! Tu me le rendras avec du poisson que tu pêcheras demain... »
Dans ces moments-là, ce que j’aime par dessus tout, c’est d’observer tous ces couillons de Français se réfugier derrière leurs plus grands « experts ». Non pas chercher à comprendre, mais trouver quelque chose à répéter... Je vous jure qu’il y en a, et pas forcément des ouvriers ou autres soi-disant ignares, qui étaient persuadés - et le sont peut être encore - que si les Grecs avaient envoyé balader la BCE et lui avaient foutu sa dette dans l’oignon, ça coûterait 650 euros à chaque Français ! Je n’ai pas lu et écouté grand chose sur le sujet, mais je sais très bien quoi en penser : rien ! Qu’ils continuent de faire joujou avec leur fric fictif, moi, je préfère lire Homère et espérer qu’ils arrêtent de nous emmerder et nous dégoûter de ce majestueux pays à force de déblatérer absurdités sur balivernes.

Le jour pendant lequel les Grecs votaient, je dessinais Gandhi au pastel sec, après avoir vu le film sur sa vie, son oeuvre plutôt. Quelle leçon ! La dignité, c’est tout ce que ce petit être Indien tenait à garder ; aujourd’hui, c’est l’inverse, c’est la première chose que l’on offre volontiers. Tout le reste, ce qui n’a aucune importance, on se bat comme des chiens pour le préserver : sa bagnole moderne, sa baraque immense, sa télé écran plat d’un nombre de centimètres que l’on connaît par cœur, son frigo américain, etc. Les Grecs eux, ont opté pour la conservation de cette dignité. OXI ! Qu’ils ont dit ! Et pas à moitié, 61,31%. Les « révolutionnaires » gauchistes Français ont exulté ! « Voilà ce qu’est une démocratie ! » Bien évidemment, personne n’a relevé que, comme dans la totalité des élections qui se déroulent sur ce globe, c’est l’abstention qui est arrivée en tête. Même dans le berceau de la démocratie, et pour un vote que tout le monde a vendu comme historique et extrêmement important pour ce pays, on préfère faire la grasse mat’ ou la sieste à la plage qu’aller se faire chier à foutre un bout de papier dans une urne. La Vie a des priorités qui vous dépassent, chers démocrates ! Vous ne pouvez pas comprendre, mais nous ne vous en voulons pas. Pas trop. Vous ne savez pas ce que vous faites.

La réplique n’a même pas attendu le lendemain. Les Boches n’ont pas perdu une seconde : « ils ont intérêt à trouver une solution ces putains de poilus méditerranéens bouffeurs de Feta ! » Ce ne sont pas les mots exacts qu’a employé Merkel dans sa déclaration, mais c’est vraisemblablement ce qu’elle a murmuré à l’oreille de son Joachim avant de dormir. Elle avait mal digéré le référendum, il lui était resté en travers de la gorge, en compagnie d’un morceau de saucisse. Sa vengeance a été terrible. Le pauvre Tsipras a été obligé de dire oui à tout, sinon, c’était le Grexit ! Elles ont duré, les « négociations », des heures et des heures... Je les imagine Hollande, Merkel et consorts face au Grec insolent :
« - alors Alexis, action ou vérité ? Et tu n’as plus le droit de prendre vérité, tu nous prends pour des cons depuis trop longtemps...
- Bon, ok, va pour action.
- Donc, à partir de maintenant mon petit Alexis, tu ne pourras plus prendre la moindre décision sans la validation de la Commission Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du FMI, tu vas remettre l’annonce pour la vente du Pirée sur Leboncoin et surtout accepter l’offre des Chinois, mettre la TVA à 23%, et m’appeler Maîtresse !
- Angela, voyons, la dernière demande...
- Tais-toi François ! »

On se marre, on se marre, mais la pilule est dure à avaler pour les Grecs... Tsipras est redevenu le politique comme un autre qu’il était. Tu parles d’une solidarité de l’Europe ! Qui se sent Européen ? L’Espagnol ne peut pas blairer le Rital qui n’a rien à foutre du Suédois qui casse les couilles à tout le monde avec ses meubles. Vouloir « résister » aux Américains, c’est encore vouloir leur ressembler. L’Europe, c’est l’Amérique avec encore plus d’inégalités, aucun sentiment d’appartenance, et un projet inexistant mené par des fantômes. Tu m’étonnes qu’ils aient voté « non » les Grecs ! Même si ça n’était pas pour sortir de l’Europe, beaucoup doivent se mordre les doigts qu’on ne les ai pas foutu dehors... Courage les amis, dans un an, on vient vous libérer avec ma douceur !

Gustavo Mazzatella.

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