lundi 14 janvier 2013

Lettre ouverte aux deux sexes, n°3. Albert Fumier

Merci à Mle S et son boul.




Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien : dans l'amoureux empire,
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait ;
Et lorsqu'on aime et que le coeur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Rendez vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez vous aux volontées d'Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.



Les fleurs du mâle (verset anal)


Quelles belles envolées, n'est ce pas ? J'ai pris l'habitude de déclamer ces quelques vers de Molière depuis mes années universitaires. J'ai essayé une première fois, un peu bourré, et vu l'effet sur ma "bohémienne" partenaire de fin de soirée, je ne les ai plus quittés. Il fallait la voir, ses cheveux cuivrés noués avec une baguette, taches de rousseur et yeux verts au sommet d'une taille de guêpe agrémentée d'appétissants atouts cachés sous un trop ample pantalon, pour des raisons MLF à la con. Elle était de loin la plus excitante de la fac de lettres mais beaucoup trop assurée de son pouvoir de séduction. Une "énervante", comme on dit avec complicité, chez les XY. Et bien quand une occasion comme ça tombe dans votre escarcelle, ne jouez pas le dédain, non. Soyez habile et concluez sauvagement. Il en va de l'évolution du genre, elle servira d'exemple.


Je m'en souviens comme si c'était hier. Après le gala d'Histoire de l'Art, j'avais invité la troupe de ses quelques courtisans et servantes à terminer la soirée chez moi autour d'un bon narguilé de chanvre uruguayen :

- Arrête, tu m'fais trop triper. T'as chopé ça où, Albert ?

- Je l'ai ramené de là bas, lors de mon dernier voyage en train. Les couleurs, les effluves de safran... Tant que t'as pas fait l'Orient Express, t'as rien fait, quoi.


A l'époque, j'entamais ma deuxième année de Pharma alors fallait pas trop m'en demander niveau géo ou culture gé, vous l'aurez deviné. Par chance, il s'avère que l'ensemble de mon auditoire n'avait pas autant le bulbe porté vers le tiers monde qu'il le laissait paraître. Enfin, revenons à nos moutons, ce n'est pas le passeport que je voulais tamponner à l'illuminée, mais bien son postérieur !


Donc, quelques heures plus tard, une fois toute la viande saoule gentiment giclée de mon logement j'ai finit par obtenir mon duel intime avec cet ersatz de Zara Whites. Ooooh, je revois encore mon trophée, ce petit cul rond et rosé campé sur le trépied de son corps soumis...

- Holala mais qu'est ce qu'on est en train de faire... Tu sais que t'es chanceux, toi ? Je couche qu'avec des mecs mariés, d'habitude. Eux, ils connaissent le pouvoir de l'érotisme... Tu connais le tantrisme ?


Quelle arrogance crédule... ça sentait puissamment la libido surjouée ou la vanité du touriste "all inclusive" quand il pense tout connaître des peuples. Et bien, quand on se la joue trop ouverte d'esprit, on finit parfois par se faire ouvrir le derrière, sachez le, mesdames. Ainsi, si cette fougueuse chevauchée n'a pas été la plus habile, elle a eu le mérite de me faire découvrir le plaisir sodomite. Je me permets à ce sujet une mise en garde : ne vous gênez pas de ce jeu, bien au contraire. Il y a quelque chose d'animal là dedans, il faut savoir l'apprécier.


Approchez vous ! Nous savons tous que le corps nous réserve parfois des prouesses époustouflantes. Observons donc ce minuscule orifice devenu ventouse autour de l'appendice... Quand la chose est bien lubrifiée (et oui, comme pour tout sports extrême, il faut être judicieusement équipé) et que le pilote a su faire preuve d'un minimum de patience pour manœuvrer l'entrée du bolide dans le paddock, la sensation se fait intense, la caresse coulisse. En un embrasement crescendo, on finit par se prendre au jeu et le plaisir provient du florilège de tendresses auxquelles nous invite la posture. Cou, cheveux, dos, bras, épaules, hanches, clitoris... autant de surfaces érogènes en jachère que les doigts de velours ou les baisers auront la merveille de réveiller. Comme souvent, le plaisir psychique est fruit du contraste entre la douleur et le réconfort, nous voilà à cet instant au paroxysme du sujet. De plus, on remarque que les timides ont de dos plus de facilités à s'exprimer alors allons y, déclamez !


Le cœur palpite, la chaleur écume par vagues sur notre corps, les crampes frémissent... Orgasme quasi assuré quand on a précautionneusement œuvré. Le mâle s'en relèvera apaisé, son intime fierté de dominant comblée, tandis que la femelle s'en relèvera euh... du temps que la douleur passe. En effet, vous n'êtes pas toutes anatomiquement égales alors je voudrais rendre un hommage particulier à celles qui ont l'after trip inconfortable. Pour les autres, permettez moi une digression : prêtons attention à cette coquine arrogance qu'affichent certaines fraîchement initiées. Elles arborent le sourire malin, l'œil vif et le pas léger parmi les foules, souvent le front haut. Il leur semble porter un "je suis un bon coup" en invisible étendard sur le front. Vous les voyez ? Quelle merveilleuse signalétique du sexe libéré, n'est ce pas ?


Alors qu'on se fasse mal pour se surprendre ou qu'on se fasse du bien jusqu'à se méprendre, cette fois c'est certain, la vie est amour mes sœurs et frères. Je ne vous permet plus d'en douter !



Albert Fumier, pour vous servir.

(merci à Mle S. pour la photo)

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