samedi 13 avril 2013

Taliban du rap. Gustavo Mazzatella.

« Non mais laisse tomber, ça sert à rien de parler avec lui, c’est un intégriste du rap... » Voilà comment me définissent certains de mes très proches amis. En effet, à l’instar du premier pharaon monothéiste dans sa jeunesse, je revendique être un taliban du rap, même un nazi hip hop. La musique adoucit les mœurs ? Faux ! Pour moi, toutes personnes écoutant une autre musique actuelle n’est qu’un juif à exterminer. Une shoah musicale ! Un génocide sans scrupules ni complexes  ! Hitler n’est qu’un minable sans ambitions comparé à moi... Tous ces sourds seraient enfermés dans des camps de concentrations intraitables, soumis aux voies de Carlton Ridenhour, Keith Elam et Russell Jones. Des massacres rythmés par le flow ravageur de William Michael Griffin Junior. Des douches de hip hop violents,
des sons de Fredro Scruggs et sa bande brûleraient la peau de ces mécréants ! Le pire, c’est que je mets dans le même sac poubelle la plupart de ceux qui écoutent du rap, tous ces collabos ignorants totalement cette musique et facilitant les clichés à son égard. Un seul exemple, ils n’ont aucune idée du sens du mot flow, qui pour eux signifie « rapper vite »... Déplorable. Oui, ce statut de taliban du rap n’est pas à la portée de tous !

Mais c’est vous qui m’avez rendu extrémiste à sans cesse dénigrer cette « sous culture ». Du mépris de la part de ces peureux d’ignares français, aucun lieu dédié à cette culture, des victoires de la musique à part, des procès insignifiants à tout-va, l’impossibilité pour les rappeurs de sampler un son alors que tous les terroristes musicaux de la pop pompent impunément tout et n’importe quoi, avec à l’arrivée des merdes insoutenables. Pourtant, la créativité de ce mouvement est à la hauteur de la jalousie qu’il inspire ! Dans un pays ayant une culture musicale si faible mais la plus grande littérature du monde, pourquoi ne pas prêter plus attention aux textes somptueux que peuvent déclamer un grand nombre de rappeurs français ? Ils font évoluer la langue de Molière, inactive et frigide vu la faible quantité d’écrivain français contemporain. Pour ce qu’il en est des rappeurs évoluant 6000 km plus à l’ouest, j’ai une sorte de fascination étrange pour eux... Le style de tous ces lions bondissant d’une scène à l’autre provoquant une allégresse absolue est remarquable, à base de baskets et pantalons larges, t-shirts et casquettes trop grands, vestes sans manches par dessus plusieurs pulls et sweats, diamants et dents en or. Une élégance se dégage inexplicablement de cet accoutrement absurde, un ridicule qui ne va qu’à eux. Micro en main, ils découpent tout ce qui bouge, massacrent n’importe quel instru pourri, font briller le lyrisme de la langue de Shakespeare sans effort, leur seule présence sur scène est une leçon de charisme. Je pourrais vous m’attarder également sur l’immense talent des nombreux beatmakers hip hop, mais j’ai trop souvent entendu dire que le rap n’était pas de la musique alors allez vous faire voir.

J’ai été littéralement foudroyé par l’écoute assidue de Paris sous les bombes, mon premier achat personnel en cassette audio à l’époque, qui laissait à chaque passage mon corps et mon esprit dans un état semblable à Beyrouth un matin après une nuit de bombardements. Faire une énumération de tous les artistes ou albums de ce mouvement m’ayant défiguré serait infini et surtout une perte de temps, aucune envie de faire du prosélytisme...  Bien évidemment, c’est une question d’époque. Je me serais agité sur Charlie Parker, Thélonious Monk et leurs acolytes si mes premières masturbations chroniques avaient concordées avec leur swing inouï. Par contre, je ne pense pas que j’aurais laissé le rock, cette musique qui représentait une jeunesse soi-disant rebelle et antisociale, me berner. Il suffit de voir ce qu’ils sont devenus tous ces soixante-huitards pseudo révolutionnaires, l’actuelle bourgeoisie bien conservatrice et remplie de morale désastreuse. De toute façon, les basses me donnent plus de frissons que les guitares, c’est comme ça. L’électro euh... C’est vraiment la peine d’en parler ? Pour la pop music, l’évoquer est déjà blasphématoire pour moi.

Je m’amuse à m’imaginer le temps d’une soirée DJ dans un de vos clubs branchés de merde. « 1 bouteille de champagne offerte à celui qui trouve le titre qui vient de passer ! » Cela pourrait durer des heures, ils ne seraient pas prêts de boire à l’oeil, les branchouillards... Ces mêmes ringards qui me font gerber lorsqu’ils/elles gesticulent misérablement sur les « hits » que cette culture a produit. Le rap est la musique numéro un en France, celle qui vend le plus - au passage, c’est une des valeurs du hip hop, l’esprit de compétition, la valeur de la première place, forcément dans un pays de loosers, ça dérange - malheureusement, les conséquences sont dramatiques. En effet les producteurs musicaux des gros labels (des commerciaux avec des tronches de premier de la classe sans le moindre goût artistique) ont fait de ce courant une variété, ce qui entraine beaucoup de déchets. Ces mercenaires ont vu un moyen de gagner de l’argent, et de plus en plus de jeunes se branlent sur le nombre de leurs « clics » ou « vues » sur le net. Malgré ça et d’autres défauts, ce mouvement est le seul à être vraiment vivant actuellement. La seule culture musicale capable de produire, certes rarement, des oeuvres d’art et pas des produits culturels. « Le rap est mort », c’est une phrase à la mode en France. Pour répondre à cela, il me suffit juste de nommer tous les albums hip hop qui sortent chaque année, je ne vois rien du même acabit ailleurs. Allez, ce mois-ci, l’album d’IAM, bientôt celui de Kery James, puis Médine, Lino pour les plus notoires et tant d’autres... rien que dans l’hexagone !

Sur ce, comme disait l’impertinent, j’vous tire ma révérence !

Gustavo Mazzatella.

7 commentaires:

  1. C'est un peu la réponse que j'attendais à toutes les polémiques liées au livre "l'effroyable imposture du rap". Malheureusement trop de clins d’œils pour être véritablement compris de tous. Merci.

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  2. " Par contre, je ne pense pas que j’aurais laissé le rock, cette musique qui représentait une jeunesse soi-disant rebelle et antisociale, me berner. "

    Préjugé quand tu nous tiens...

    J'ai lu jusqu'à la fin cet article mais... je ne sais pas. J'ai l'impression que le contenu n'est pas vraiment original. Tu redis beaucoup beaucoup de choses qu'on entend déjà dans les morceaux de rap. ( actuels ou non d'ailleurs ) Alors je me demande bien quel est l'intérêt ? Alors que certains l'ont beaucoup mieux fait : attaquer les labels, les ignares, les waks et louer les Anciens.

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  3. travaille une instru

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  4. Tu critique les stéréotypes sur le rap mais tu juge les autres mouvement sans les connaître apparemment... D'où sors tu que le rap est le seul mouvement vraiment vivant? Est-ce que tu imagine le nombre de groupes qui font du reggae en France? Et la quantité de sound system qu'on a ici que ce soit reggae / dub ou qui font du son de teuf? Le nombre de teuf qu'il y a en France tous les week-end? J'ai même l'impression que tu appelle électro la musique électronique, ce qui est un cliché des médias aussi gros que ceux qu'ils sortent sur le rap... Bref ne critique pas si tu agis de la même manière, question d'intégrité.

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  5. Le rap est la musique qui est restée le plus longtemps en haut des charts de toute l'histoire de la musique, et c'est pas fini ! Pour ce qui est des "teufs" qu'il y a tous les WE, je parle d'une forme d'art réelle, pas de personnes se droguant dans un champ... Seul "musique vraiment vivante" : j'attends juste qu'on me cite un mouvement musical qui a sorti des artistes aussi importants que ceux du rap, avec des textes aussi considérables etc

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