samedi 14 juin 2014

Lettre à Francis. Little miss madmind

Mon cher et tendre,
Depuis que je suis loin de toi, je suis comme pas assez loin de toi.
Cela faisait si longtemps que je tenais à produire une prose à ton sujet, que mon cerveau en suffoquait.
J’ai donc préféré attendre ces longues années pour te livrer directement le plus profond de mes pensées, c’est la moindre des choses.
Ce courrier n’aura pas pour but de lister pourquoi notre couple n’a survécu car mes mots ne seraient pas à la hauteur de ce merveilleux échec.
Les inspections que j’ai subies, pendant 8 ans, par soupçon d’adultère de ma
part, étaient tout à fait censées, puisque je travaillais presque 10 heures par jour avec 2 heures de route et que j’avais parfois 10 minutes de retard par temps de neige.
Ton besoin de dépenser tout l’argent que je gagnais en voyante, téléphone rose et prêts à la conso n’avait d’autre but que de te rassurer dans ce malheur, je te l’accorde, j’étais trop peu présente, si j’ajoutais à mon temps de travail, l’entretien de la maison, les démarches administratives, la cuisine et les courses.
Je comprends aussi qu’avec tout ce manque affectif que je te faisais subir, tu as été parfois dans l’obligation de m’insulter, mea culpa.
Je ne tergiverserai pas sur ton envie persistante d’avoir un enfant que je t’ai finalement accordée au bout de 5 ans de vie commune. Tout ce stress mon pauvre chéri...tout ceci a généré cette nécessité de t’envoyer en l’air avec d’autres pendant ma grossesse.
Et je te reste infidèle.
Bref, de l’eau a coulé sous les ponts depuis mais je ressens encore ta douloureuse peine de la fin du conte de fées.
Souffrance que tu as dû combler en refaisant ta vie avec notre ancienne salariée dépressive et fan de Mylène Farmer.
Si, si, tu sais, c’est celle à qui tu avais envie de mettre des claques lorsqu’elle se mettait à pleurer alors que nous lui demandions de décaler sa douzième semaine de congés payés.
Je ne cherche pas non plus à remuer le couteau dans la plaie sur notre rupture qui t’a tant coûté en fausse tentative de suicide.
A présent je suis partie, ta vie doit être bien fade alors je compatis sur le fait que depuis ces longues années, tu t’évertues à m’épier, déposer des mains courantes contre moi, m’envoyer des huissiers, téléphoner chaque jour, plusieurs fois.
La différence, c’est ce silence parfois, au fond de moi.
J’ai aussi beaucoup d’empathie sur le fait que tu tiennes absolument à avoir la garde totale de notre enfant, toi qui ne l’a jamais élevé (ben oui toi, t’avais un travail) et qui n’a jamais pu le garder plus de 2 jours sur un week-end de 4, car tu as trop d’impératifs.
On sait ce que sait d’avoir à poser des nouvelles jantes et de mettre du film solaire sur sa nouvelle voiture que cetelem possède déjà, tout ça c’est pas facile.
Oui, j’ai le mal de toi parfois, comme une envie de vomir.
Là où je suis rassurée c’est dans le soutien que ta famille t’as porté dans tous tes soucis.
Entre ton père qui se cache dans le garage pour ne pas me croiser lorsque je viens par contrainte y déposer notre progéniture et ta mère qui a découpé les photos de notre couple où seul mon bras apparaît, là sur le buffet de l’arrière grand-père; ça fait chaud au coeur ses petites attentions qu’ils ont à ton égard.
Alors mon cher et tendre, maintenant que j’ai résumé comme j’ai pu toute ma compassion sur ta délicate personne, je voudrais juste ajouter une dernière chose.
Si je suis alcoolique et certainement sexuellement dépravée, comme tu le laisses sous entendre régulièrement, veux-tu que je demande à mon médecin traitant si mon traitement peut aussi t-être administré pour ta schizophrénie?
Il était une fois, lalala, lâche moi.
Bien affuckteusement.

Little Miss Madmind.

1 commentaire:

  1. Parfait! Un texte bourré de punchlines aussi jouissif pour l'auteur que pour le lecteur! C'est juste triste que ce ne soit malheureusement pas une fiction romancée !

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