jeudi 10 décembre 2015

Discours. Evo Morales.

Merci frère ministre, Président de la COP21.

Soeurs et frères, organismes internationaux.

Aux présidents auditeurs du monde entier.


Nous avons ici une rencontre historique unique mais avec une grande responsabilité envers la Vie et la Terre Mère. Nous sommes ici présents pour exprimer les causes du réchauffement global. C’est pour cela, qu’au nom des mouvements sociaux de par le monde, nous devons rendre compte des conclusions de la Conférence Mondiale des Peuples sur le changement climatique organisée à Cochabamba au mois d’octobre de cette année, avec la participation de délégués des cinq continents, des milliers de mouvements et
organisations sociales lesquels ont alors signalé la route que doit prendre l’humanité pour son propre salut.

Frères, aux gouvernement, aux organismes internationaux, nous devons savoir écouter les Peuples, les mouvements sociaux et nos scientifiques, pour sauver la Vie. Nous participons à ce sommet pour exprimer notre profonde préoccupation à propos des effets dramatiques que le changement climatique provoque de par le monde, qui menacent d’en finir avec notre vie et celle de notre Terre Mère. C’est pour cela qu’il faut aussi rendre compte de notre Manifeste que nous avons appelé « Sauvons la Terre Mère pour sauver la Vie ». C’est un appel urgent et nécessaire à tous les gouvernements et en particulier aux puissances capitalistes, pour que s’arrête l’irreversible destruction de notre planète.

Je veux répéter que la Terre Mère se rapproche dangereusement du crépuscule de son cycle vital dont la cause structurelle et la responsabilité incombent au système capitaliste. Ce système a déchaîné très rapidement une force irrésistible et destructrice aux noms du libre-échange, de la libre compétition et des Droits de l’Homme. Ce système, inspiré de la philosophie du capitalisme, s’est consacré à produire à une échelle infinie, des biens de consommation jetables qui aujourd’hui détruisent la Nature, dégradent le travail, produisent des marques de conquêtes et détruisent le vivre-ensemble humain. Nous ne pouvons maintenir un silence complice face à cette proche catastrophe d’échelle planétaire. Et nous ne pouvons non plus parler de prudence, alors que nous sommes au seuil d’une destruction assurée. Le capitalisme a fomenté, a introduit, et a impulsé au cours de ces deux derniers siècles la formule la plus sauvage et destructrice de notre espèce, transformant tout en marchandise, pour le bénéfice de quelques-uns.

Nous sommes venus à ce sommet, soeurs et frères, pour dire ce que les Peuples ressentent et mettre en garde à propos du futur de la Terre Mère et de la Vie. C’est pour cela que ne pas signaler clairement quelle est l’origine du réchauffement global et ses conséquences gravissimes, serait un acte de trahison envers la Vie et notre Terre Mère. Nous observons aujourd’hui, avec angoisse, que des centaines de Peuples et Cultures ont disparu et que d’autres sont en train de disparaître. Que des millions de personnes meurent tous les jours, anéanties par la faim, les pestes et les maladies. Que la culture de la guerre s’est imposée sur la culture de la Paix et de la Vie. Que l’histoire du Monde s’est remplie de massacres, de sang, d’horreurs et d’injustices. Les richesses et le patrimoine de beaucoup de Peuples ont été volés, enrichissant des élites et des oligarchies. Que la vision anthropo-centrique et mercantilo-centrique transforme la Nature en un simple objet d’expoitation et de profit. Que l’individualisme, l’égoïsme et le consumérisme, sont un fléau qui détruit la communauté. Si nous continuons dans le chemin tracé par le capitalisme, nous sommes condamnés à disparaître.

Discours d’ouverture (très peu applaudi) du Président bolivien Evo Morales, tenu à Paris le 31/12/2015, lors du sommet des Nations Unies à propos du changement climatique.

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