jeudi 13 juin 2013

ART vs culture. Gustavo Mazzatella.

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ! » Oui, la référence est violente... Mais la dictature culturelle ambiante me rend belliqueux. Elle est partout, sortie à toutes les sauces. C’est la crise ? Il faut divertir les gens grâce à la culture. Les jeunes de banlieues en difficulté ? Mais c’est parce qu’ils n’ont pas accès à la culture ! Etc etc. Vous avez faim ? On va vous en faire bouffer de la culture ! Tout est bon pour faire accepter l’abrutissement généralisé par le divertissement culturel, au dépend de l’art véritable. Il existe même un ministère de la culture, rien pour l’art que je sache. Le nombre de subventions accordées à des gens « de culture » m’exaspère profondément. Enfin je suis surtout scandalisé par le pognon public ou privé d’ailleurs qu’on gaspille dans cette culture insignifiante, qui plus est très chiante... Il est temps de mettre les points sur les i-ncultes, ceux qui justement se targuent d’être cultivés alors que leur littérature s’arrête à Houellebecq et leur cinéma à Woody Allen, là ou strictement rien n’a commencé !


« La culture est le nouvel opium du peuple. Fondée sur une méconnaissance de ce que c’est qu’une oeuvre d’art. » Marc-Edouard Nabe.

En effet, la plupart des gens confondent art et culture. Il faut bien comprendre que ma génération, tout comme celle d’avant et celles qui suivront, est profondément anesthésiée par la médiocrité culturelle. On consomme de la culture comme n’importe quel autre produit : le capitaliste n’en a rien à foutre de l’art, c’est la valeur marchande qui compte ! Le fascisme de la consommation détruit tout art possible par de la culture stupide. Les produits culturels (films, musique, livres...) que vous voyez partout en vente sont étudiés, pensés, fabriqués et vendus comme un tube de dentifrice ! Le processus de « création » est exactement le même que pour un vulgaire pot de yaourt. Les pseudos artistes se demandent ce que veut le public alors qu’il n’y a rien de plus égoïste qu’une véritable oeuvre d’art. Ils n’ont aucune intégrité, vendent leurs « convictions » sans scrupules, cherchent tous à faire une carrière alors qu’un artiste possède un destin. Ce ne sont pas eux qui décident mais leurs producteurs, distributeurs ou éditeurs. Par exemple pour un film, les acteurs sont choisis uniquement s’ils sont « bankables », peu importe si Marion Cotillard a moins de talent que Katerine sur youporn... La maison de disque d’un musicien imposera le single à mettre en avant, et n’hésitera pas à censurer ce qui lui déplaît. L’employé de la culture ferme sa gueule ! C’est de l’emballage, pour le contenu, veuillez repasser.

« Tellement peu d’artistes avec les clefs dans leurs mains, abrutir son prochain devient tellement commun... » Rockin Squat.

Aujourd’hui, tout le monde est désigné artiste. Warhol avait prédit que chacun aurait son quart d’heure de célébrité, ceci n’est pas très grave et plutôt logique dans cette période de surmédiatisation. Ce qui est plus problématique voire tragique, c’est la conséquence de cette notoriété. Voilà qu’un candidat de télé-réalité idiot - pléonasme - ou un politique ringard - pléonasme 2 - s’empare d’un stylo noir (ou plutôt nègre) pour mutiler la littérature ! Pire, des présentatrices télés se permettent d’écrire et de publier un livre « sans l’avoir relu » !!! Et dire que de vrais écrivains ne trouvent pas d’éditeur et crèvent la dalle, je trouve ça aberrant. Pauvre littérature, comme si elle n’était pas déjà assez massacrée par les hommes de lettres, de Lévy à Beigbeder en passant par Angot. La plupart d’entre eux ne sont que des scénaristes de mauvaises fictions ciné ou télé... Qu’ils se fassent tous enfermer 120 jours chez un marquis en guise de punition ! ça se proclame artiste mais ça ignore le mot travail, demandez à Céline combien de pages il a écrites pour chacun de ses livres, plusieurs versions entières pour chaque ouvrage, ou à Picasso combien de pot de peinture il a passé par oeuvre, comme on le voit dans Le mystère Picasso pour la plage d’Antibes. On ne naît pas génial, on le devient. Rares sont les Wolfgang Amadeus...

« L’art sauvera le monde. » Fiodor Dostoievski.

Ces quelques mots se veulent juste être une réhabilitation de l’art et du mot artiste. Je milite pour le retour en force de l’art véritable et sincère, sans prétention ni élitisme. Je pense que l’art peut et doit être populaire. Malheureusement, voit-on de l’art dans 98% des médias ? Non, la parole est à la culture, à l’oligarchie culturelle, car ce sont les mêmes qui décident depuis 30 ans. Je ne vais pas reparler des médias et de la télé parce qu’on va croire que c’est de l’acharnement, juste soit dit en passant, un système qui permet de toucher autant de gens est à la fois formidable et dangereux, et l’on ne peut que déplorer l’absence d’art qu’il y règne. Je suis pour la démocratisation de l’art, dans le but de le rendre ouvert à tous, surtout pas pour faire croire à n’importe quel idiot qu’il peut être artiste ! Il faut rendre l’art accessible en y mettant les moyens mais certainement pas le vulgariser en pensant que la « populasse » ne peut comprendre ni ressentir une émotion.

« Plus la critique est hostile, plus l’artiste devrait être encouragé. » Marcel Duchamp.

La culture n’est rien ! Daft Punk = Nabilla. Tout comme on oubliera Nabilla dans dix ans, on aura oublié le duo Versaillais dans cent ans. Je n’ai rien contre eux et je pourrais prendre des tas d’autres exemples. Qui se souviendra dans deux cent ans des cinéastes que l’on porte au pinacle genre Michel Hazanavicius ? Personne. Les films de Gaspar Noé seront toujours reconnus en 2213, car oui, des oeuvres lumineuses sont créées aujourd’hui, tristement noyées dans la terne masse culturelle. Et tout cela n’a absolument rien de subjectif, même si de nombreuses personnes affirment avec assurance que le réalisateur de The artist est « génial », tout comme les auteurs de Get Lucky... De nos jours, le mot « génie » est vraiment employé à tort et de travers, il définit de plus ou moins jeunes narcissiques ayant fait très peu de choses reprenant maladroitement les artistes du passé. Heureusement que ce n’est que l’avis de petits bourgeois arrogants et qu’ils se sont toujours trompés sur l’art, à l’époque de Van Gogh et Baudelaire pour ne citer que le plus connu des exemples. A-t-on retenu les noms d’autres peintres ou écrivains qui étaient célébrés en ce temps-là ? La culture est éphémère, l’art est éternel.

Gustavo Mazzatella.

4 commentaires:

  1. Une lutte symbolique contre un pouvoir symbolique.

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  2. Rendre accessible au plus grand nombre une oeuvre d art n est ce pas en faire un produit culturel?

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  3. Vive la culture des patates ! http://www.youtube.com/watch?v=9MCU7ALAq0Q

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  4. ce que je voulais ajouter ce que art et culture vont ensemble ce qui qui m'étonne c'est pourquoi dans presque tous les pays on trouve dans un gouvernement le ministre de la culture et des loisirs ou ministre de la culture simplement sans ajouter l'art tout en sachant que l'un ne peut pas aller sans l'autre.

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